Le Musée Jouve
Le musée Jouve
Le musée Jouve (actuellement fermé au public) conserve une riche collection témoin de la vie des Jouve, famille bourgeoise cavaillonnaise de la fin du XIXe siècle, et d’une vie consacrée à la sauvegarde du patrimoine et de la mémoire de leur cité.
L’histoire des musées et du patrimoine de Cavaillon est intimement liée à celle de la famille Jouve qui, en quatre générations, de la Révolution à la première moitié du XXe siècle, a profondément marqué la cité.
La famille Jouve
Héritiers d'une famille enrichie dans le commerce de la graine de ver à soie (la sériciculture), descendants d'un farouche révolutionnaire surnommé Jourdan Coupe-Tête, les Jouve sont devenus, à la fin du XIXe siècle, de petits notables de province, installés à Cavaillon. Deux frères et une sœur, Michel (1852 - 1924), Auguste (1584 - 1936) et Marie-Thérèse (1860 - 1938), fortement attachés à leur ville, sensibles à son patrimoine naturel, monumental mais aussi quotidien, conçoivent, organisent, archivent au fur et à mesure de sa constitution, une mémoire cavaillonnaise où s'interpénètrent leur propre histoire et celle de tout un territoire, celui de Cavaillon. Ils seront, par le legs du produit de leur passion et de leur vie à la Fondation Calvet en 1938, à l'origine de la fondation des musées de Cavaillon.
Le patrimoine d'une vie
Au-delà des collections constituées dans un but d’utilité publique, les Jouve ont la
« manie » de tout conserver. Chaque trace de l’histoire de la famille, chaque élément digne de leur intérêt, est précieusement archivé : coupures de journaux, livres de comptes, correspondances, notes historiques, cartes de visites, programmes… Les Jouve nous apparaissent à la fois comme témoins de leur temps et passeurs d’un patrimoine commun.
Témoins d’une époque car leurs collections intègrent tous les aspects de leur mode de vie, celui d’une famille bourgeoise du XIXe siècle dans ses relations avec les autres (correspondance, carnets intimes, photographies…), son mode de fonctionnement (les relations familiales, ses revenus…) ou encore ses goûts et les modes du temps (la photographie, l’ameublement de la maison, la bibliothèque, les voyages…). L'exceptionnel fonds photographique conservé par les musées de Cavaillon garde la trace vivace et vivante de ce mode de vie.
Leur maison même, léguée à la Fondation Calvet, est l’expression de l'interpénétration de l'histoire intime des Jouve et de celle du territoire : maison du dernier rabbin de la communauté juive de Cavaillon au XVIIIe siècle, elle fut le lieu de l’activité commerciale des Jouve avant de devenir leur habitation principale.
Une vie pour le patrimoine
Les Jouve s’érigent en défenseurs du patrimoine mobilier et immobilier de Cavaillon, à l’heure des grandes mutations urbaines de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Cette défense prend des formes diverses mais qui convergent vers la volonté de la reconnaissance du patrimoine cavaillonnais : acquisitions immobilières et restaurations, collecte d’objets et création de musées, recherches historiques et notes manuscrites, photographies des éléments patrimoniaux de la cité, correspondance avec les relations afférentes de leur temps…
Dotés d'une conscience aiguë de la notion de patrimoine, de la nécessité de sa protection et de sa transmission aux générations futures, Michel, Auguste et Marie-Thérèse Jouve seront à l'initiative d'un véritable plan de sauvegarde des monuments et sites de leur ville natale : achat d'une partie de la colline Saint-Jacques - et de sa chapelle - pour y empêcher toute construction (1904), acquisition de la chapelle de l'ancien Hôtel-Dieu pour y fonder un musée lapidaire (1907), participation à la Sauvegarde du patrimoine juif cavaillonnais par l’acquisition progressive des bâtiments d’habitation de l’ancienne communauté juive.
C'est ainsi que naît, sous la houlette de Marie-Thérèse, le musée archéologique de Cavaillon. Mais les projets des Jouve ne s'arrêteront pas là car ils souhaitent développer l'embryon de musée du Vieux Cavaillon créé dans la maison familiale qui sera léguée à la Fondation Calvet à cette fin.